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SmartHome: le chemin de la maturité

Dernière mise à jour : 31 août 2022

Objets connectés, IoT et SmartHome ont été des thèmes récurrents abordés pendant de nombreux débriefs réalisés suite au CES 2020. Mais alors que certains perçoivent le véritable décollage du secteur, d’autres parlent de « prolifération » des objets connectés avec une valeur ajoutée discutable.


La « maison intelligente » continue de progresser, notamment grâce à la multiplication des possibilités de connexion d’équipements et d’objets de plus en plus variés.


1 foyer sur 3 possède une TV connectée, selon Sociovision qui présentait fin 2019 une étude sur l’état du marché français. Beaucoup de français sont équipés d’assistants vocaux (Alexa, Google Home…), certains d’équipements de sécurité (caméra, alarme, serrure), d’autres de systèmes de confort (chauffage, éclairage, volets), sans compter de nombreuses nouvelles familles d’objets connectés qui apparaissent régulièrement (montres, appareils culinaires, miroirs, équipements sportifs…), sans toujours convaincre.



Toujours plus

Selon de nombreux experts et d’intervenants du marché qui se sont exprimés suite au CES, le SmartHome commence à s’approcher du profil d’un marché de masse, en tout cas affiche une croissance soutenue. Cette dynamique intéresse les GAFA et les géants de la tech qui cherchent certainement des opportunités dans un marché de l’électroménager et des biens techniques (tout de même 1000 Mds$ selon le GfK) qui est largement saturé, voire en lent déclin après plusieurs glorieuses décennies, vu le taux d’équipement très élevé. Les composants connectés deviennent de plus en plus accessibles et compacts, et la tendance est forte d’équiper tout (et n’importe quoi) de l’IoT, pour pousser au renouvellement.


Cela me fait penser au marché de la TV qui innove pour encourager les cycles de renouvellement: passage à la HD il y a quelques années, puis la tentative de la 3D, maintenant la 4K, voire la 8K, alors qu’à chaque fois l’équipement est vendu en avance par rapport au contenu réellement disponible.

Ce développement facilité et à marche forcée fait dire à certains qu’on assiste à une "prolifération" de l’IoT (pas forcément un qualificatif très positif), et que le consommateur n’arrive pas à suivre face à la démultiplication de l’offre. Cela reste un marché de l'offre, qui cherche à trouver son envol. Juste pour relativiser, le marché de la maison connectée représente un peu plus de 4 Mds$, à comparer par exemple avec des écouteurs sans fil (8 Mds$) qui n'ont visiblement plus besoin de prouver leur utilité pour les consommateurs.


Quelques bonnes nouvelles

Il faut saluer les avancées significatives observées dernièrement. En premier, l’interopérabilité devient un critère essentiel pour de nouveaux objets connectés. Plus question d’imposer des systèmes fermés, où chaque fabricant maitrisait son protocole de connexion, dans un écosystème propriétaire. Vu la quantité d’objets disponibles par personne, il n’est plus envisageable d’avoir une app spécifique à chaque objet. Des protocoles partagés (notamment Connected Home over IP, ou CHIP promu par l'alliance Zigbee) attirent des acteurs variés qui s’accordent sur un besoin de clarté et d’interconnexion d’objets. Il n’y aura probablement pas un seul protocole demain, mais en tout cas un nombre réduit, pour plus de facilité.


Des "use cases" liés au développement des objets deviennent de plus en plus réalistes et matures, tentent de s’approcher du besoin de l’utilisateur (ah le sacro-saint "user centric"), grâce à l’expérience accumulée et aux nouvelles possibilités technologiques.


Un exemple réussi à citer: le tableau électrique connecté de Legrand qui permet de maitriser facilement sa consommation électrique.


Paradoxe de la SmartHome: comment arriver à gérer tout cela?

Avec la variété d’équipements désormais disponibles, un logement peut commencer à être équipé de quelques dizaines d'objets connectés, et dans quelques années de centaines.


Lorsqu'il faut créer ou configurer un compte pour chacun, installer souvent une app dédiée, on peut comprendre que le consommateur moyen (et pas trop geek) risque d'être vite débordé par la complexité générée, alors que l'objectif même de tous ces équipement est de simplifier la vie et de rendre le logement plus confortable. Tous les objets n'étant pas utilisables "off the shelf" par tout le monde, on arrive à deux pistes pour gérer ce phénomène


  1. l'objet "unique" qui va prendre contrôle de tous les autres et éviter la configuration fastidieuse (quelques options proposées lors du CES). Ce qui suppose cette intéropérabilité déjà mentionnée, au risque de la confier par défaut aux GAFA, bien présents dans les objets connectés.

  2. L'apparition du métier de "l'intégrateur domotique", ou les services proposés par les distributeurs du matériel technologique pour aider leurs clients à configurer leurs appareils (à l'instar de ce qui est proposé par Best Buy aux Etats Unis).


En dehors de la complexité, de nombreuses interrogations commencent à apparaitre la démultiplication des objets connectés:

  • respect de la vie privée des utilisateurs (où vont les données connectées, est-ce bien sécurisé contre l'accès malveillant)

  • la sobriété carbone (on va se retrouver avec une énorme quantité de données collectées via les objets connectés, il faut les stocker quelque part, et éventuellement en faire quelque chose, mais est-ce que la valeur ajoutée se justifie par la dépense énergétique générée ?)

  • la résilience (alors que l'omniprésence du cloud, souvent confié aux GAFA, commence à être remise en cause)


Opportunités

Parmi les bonnes nouvelles, j'aimerais souligner deux tendances qui me paraissent intéressantes:

  • L'apparition d'objets intelligents cloudless, qui fonctionnent même s'ils sont déconnectés d'internet. On parle notamment d'Edge AI, composants intégrés dans les objets pour décentraliser l’IA et notamment mieux protéger la vie privée. Exemple: serrure intelligente (mais pas connectée à internet) de Netatmo

  • L'accent sur "tech for all", notamment grâce à l'implication des bailleurs sociaux ou des fournisseurs d'énergie dans les sujets de connectivité, peut rendre la SmartHome accessible au plus grand nombre


Pour finir, il est intéressant de noter la position de la FFB dont le vice président, à l'égard de l'expérience du CES, soulignait l'enjeu d'adaptabilité pour les entreprises du bâtiment face aux nouveaux usages. Ces entreprises font face à un challenge d'un genre inédit: il s'agit de la notion d'instantanéité considérée comme due par les consommateurs. L'impératif séduisant du "temps court"offert par la transformation numérique de notre vie défavorise de fait la construction, contrainte par nature à des temps longs.



Je vous laisse méditer sur cela, et je vous propose d'aller plus loin en consultant quelques sources qui m'ont servi pour cet article:



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